Je me moque de Londres
Des bords de la Tamise
Du Louvre, de la Joconde
Des canaux de Venise
Du Colisée de Rome
Et de la Tour Eiffel
Des jardins de Babylone
De la tour de Babel
Je me moque des plages
Des sapins sous la neige
Des îles, des rivages
Des forêts de Norvège
Des volcans, des déserts
Des oiseaux et du vent
Du ciel ou de la Terre
De l’été, du printemps
Je me moque du beau
De l’œuvre de Baudelaire
D’Aragon, de Rimbaud
De Vian, de Prévert
Des photos de Doisneau
Des pièces de Corneille
De Guitry, de Feydeau
De Camus, de Claudel
Je me moque de Manet
Des toiles de Dali
De Gauguin, de Monet
D’Ensor, de De Vinci
Des valses de Chopin
Je les ai oubliées
Les œuvres pour clavecin
Et la flûte enchantée
Je me moque d’hier
Et surtout de demain
Du paradis, de l’enfer
Qu’il y ait ou qu’il n’y ait rien
Des anges, des démons
Des prophètes douteux
Des guerres de religion
D’à peu près tous les dieux
Je me moque du Père
Du Fils de l’Esprit Sain
Du cancan, des prières
Du mal, du bien
De l’ensemble des louanges
Des saintes écritures
Des démons et des anges
Ce n’est que du bromure
Je me moque de l’armée
Des galons, des képis
Des crânes bien rasés
De l’acier des fusils
Des soldats décorés
Des marches militaires
De l’odeur des tranchées
Des armes nucléaires
Je me moque des ordres (gauche – gauche – gauche / droite / gauche)
Et de la discipline (gauche – gauche – gauche / droite / gauche)
De la poussière qu’on fait mordre (gauche – gauche)
Les orgues de Staline (Présentez arme)
De leurs beaux uniformes (Repos)
Des drapeaux à la con
De l’hymne qu’on déforme
En hurlant aux canons
Je me moque des claquettes
Du tango argentin
Des valses musettes
Des danses de demain
Du piano, du violoncelle
Des guitares espagnoles
Des orgues, des crécelles
Du chant des rossignols
Je me moque de Brel
De Brassens, de Ferré
De Piaf, de Duteil
De Gainsbourg, de Trenet
De la gloire et des filles
De toutes les chansons
De la mort ma chérie
Si tu oublies mon nom